PORTRAITS: LOUIS JOU & ANDRE FEUILLE OU LA PASSION DE LA TYPOGRAPHIE

Louis JOU (1881-1968)
Architecte du livre


D’origine espagnole, Louis Jou crée La Belle Édition après sa rencontre avec l'imprimeur-éditeur François Bernouard, en 1908, affirmant ainsi son talent de typographe, de graveur et de compositeur de beaux textes. Il fréquente alors de nombreuses personnalités du monde de l’art et de la littérature, telles qu'André Dunoyer de Segonzac, Guillaume Apollinaire, Kees Van Dongen, Edgard Varèse, Raoul Dufy, Léon-Paul Fargue, Émile Bernard, qui fera son portrait, Paul Iribe, Léo Larguier, Albert Marquet, grâce à qui il découvrira Les Baux-de-Provence, Maurice Rostand, Jean Cocteau et Francis Carco, toute une bohème de joyeux compagnons. En 1917, il rencontre également André Suarès chez l’imprimeur Frazier-Soye. Ce jour-là naît une amitié de toute une vie.

Ses premiers travaux sont inspirés par Anatole France auquel il vient présenter ses illustrations pour Les Opinions de Jérôme Coignard, livre commandé par les Cent Bibliophiles et publié en décembre 1914. Mais son grand rêve est depuis toujours de dessiner ses propres caractères typographiques. En 1921, il rapporte d’Espagne ses premières polices, avec lesquelles il réalise Le Prince. Puis, il ne pense qu'à ouvrir son atelier, avec ses presses et des ouvriers formés par lui. En 1925, il réussit enfin à l'installer au 13 de la rue du Vieux-Colombier, proche de Saint-Germain-des-Prés et du Quai-aux-Fleurs, son premier logement parisien. Là, sans relâche jusqu’en 1939, il compose des livres splendides, réalisant et réunissant ce que nul n’avait fait avant lui de telle façon : le dessin et la gravure des caractères, le papier, l'encre, la composition, mais aussi le dessin et la gravure des illustrations, le pressage et la décoration des reliures. Il s'occupe généralement de tout, sauf du papier pour lequel il ne peut qu’émettre des désirs et donner des recettes. Tout est conçu et fabriqué rue du Vieux-Colombier montrant qu'il est bien cet « Architecte du livre » que décrit André Suarès.

Ayant accompli la plus grande partie de son œuvre, il se retrouve, dans le Paris de 1940, découragé par le grand drame et les difficultés quotidiennes. Il décide alors de s’installer aux Baux où il possède une maison dans le village depuis 1921. Il y grave et s'attache à restaurer l’hôtel Jean de Brion en ruines qu’il destine à son nouvel atelier. Son disciple et ami, Pierre Seghers, lui apporte ses presses et ses caractères en 1944. Il y travaille seul, aidé par sa femme Poppy jusqu’en 1967.

André FEUILLE
Collectionneur et spécialiste passionné

Bordelais d’origine, typographe de formation et amoureux des beaux livres, André Feuille voue sa vie à la recherche des œuvres d’exception du typographe tant admiré, Louis JOU. Cette passion le pousse à le rencontrer aux Baux-de-Provence, lieu de refuge de l’artiste à la fin de sa vie, et à consacrer ses dernières années à regrouper tous les travaux de cet artiste pour en dresser la bibliographie exhaustive qui sera publiée en 1984, un an après sa mort.

Aujourd’hui, sa veuve souhaite lui rendre un dernier hommage en offrant à nouveau au marché ces pièces collectionnées avec tant d’ardeur et de permettre ainsi à tous les passionnés d'avoir le bonheur de les retrouver

Cette collection sera dispersée dans la première partie de notre vente de Livres du 22 Novembre 2013